Dissociation entre croissance économique et émissions de CO2: pourquoi? (14/06/2006)

Le Bureau fédéral du Plan étudie le lien entre économie et pollution atmosphérique

Depuis plusieurs années, le Bureau fédéral du Plan établit les comptes environnementaux de la Belgique, et notamment le compte satellite de la pollution atmosphérique (NAMEA Air, National Accounting Matrix including Environmental Accounts – Air). A l’heure actuelle, le NAMEA Air belge contient des données relatives aux émissions de gaz à effet de serre, de gaz acidifiants, de gaz photochimiques, de particules et de plomb, et ce, pour l’année 1990 et la période 1994-2002. L’agent polluant qui a suscité le plus d’intérêt au cours de la dernière décennie est sans aucun doute le CO2, dont les émissions sont étroitement liées à la consommation d’énergie. Le Special Topic du dernier numéro du STU examine, à l’aide d’une ana-lyse de décomposition, quelles ont été les déterminants de l’évolution des émissions de CO2 des entreprises et des pouvoirs publics belges (subdivisées en 34 branches) entre 1990 et 2002. Les émissions des ménages (transports, chauffage, etc.) n’ont pas été prises en compte. En 2002, les entreprises et les pouvoirs publics ont produit ensemble 76 % des émissions totales de CO2 en Belgique. Pour cette même année, le CO2 représentait 87 % de l’ensemble des émissions des gaz à effet de serre visés par le Protocole de Kyoto.

Déterminants de l’évolution des émissions de CO2 des entreprises et des pouvoirs publics belges

Entre 1990 et 2002, le PIB belge (à prix constants) a augmenté de 24 %. Par contre, la croissance des émissions de CO2 imputables aux entreprises et aux pouvoirs publics est restée limitée à 2,5 %. L’analyse de décomposition permet de mettre en évidence trois facteurs pouvant expliquer cette évolution contrastée : l’évolution de la structure économique (désindustrialisation) vers des activités moins intensives en émissions de CO2 , l’évolution du mix énergétique vers des sources d’énergie contenant moins de carbone (par exemple l’utilisation par les centrales électriques de gaz à la place de charbon), et la diminution de l’intensité énergétique de la production belge (principalement dans les secteurs des services et de l’agriculture). Chacun de ces trois facteurs a eu un effet à la baisse sur les émissions de CO2 d’une ampleur plus ou moins égale au cours de la période étudiée (cf. graphique). Toutefois, l’effet cumulé de ces trois facteurs n’a pas permis de réduire les émissions totales de CO2 produites par les entreprises et les pouvoirs publics entre 1990 et 2002.

Graph 1 - Evolution divergente du PIB et des émissions de CO 2 : importance relative des facteurs explicatifs