Short Term Update 00-03 - L’évolution de l’offre de travail examinée de plus près (19/07/2000)

Jusqu’à la fin des années ‘80, l’augmentation de l’offre totale de travail s’est accompagnée d’une croissance de la population en âge de travailler (15-64 ans). En dépit de quelques pics et creux passagers, le taux de participation a oscillé autour de 62%. La forte progression du taux de participation féminin a été contrebalancée, au cours de cette période, par une baisse équivalente du taux de participation masculin, essentiellement parce qu’une partie de la réserve potentielle de main-d’oeuvre a été massivement absorbée par deux systèmes de sortie anticipée: la prépension et le statut de chômeur “âgé” non-demandeur d’emplois.

Au cours des dix dernières années, la démographie a progressivement perdu son rôle de principal moteur de la croissance de l’offre de travail. Malgré une nouvelle hausse, assez faible, de la population en âge de travailler, l’évolution démographique ne contribue plus, depuis 1999, de manière positive au renforcement de l’offre de travail (voir graphique). Au sein de la population en âge de travailler, la part des classes d’âge plus élevées, où l’on trouve traditionnellement des taux de participation plus bas, augmente au fur et à mesure que les cohortes du baby-boom progressent en âge. L’âge moyen de l’offre de travail (concept MfET) est passé de 36,8 ans en 1987 à 38,3 ans en 1998 et devrait atteindre 39,3 ans en 2005. Le vieillissement de la population, dont on parle beaucoup, est en fait précédé par le vieillissement de la population active.

Certes, l’offre de travail a continué à croître durant les années ‘90, mais cette croissance repose de plus en plus sur des facteurs socio-économiques. D’une part, les taux de participation féminins continuent à progresser de manière ininterrompue au fur et à mesure que les générations de femmes, toujours plus représentées sur le marché du travail, glissent vers des classes d’âge supérieures. Ce phénomène est d’ailleurs renforcé par le relèvement progressif de l’âge de la retraite des femmes. D’autre part, cette contribution positive à la croissance de l’offre de travail (voir graphique) est moins contrebalancée qu’auparavant par l’effritement des taux d’activité masculins. A partir de la deuxième moitié des années ‘90, l’évolution des taux d’activité masculins ne freine d’ailleurs plus la progression de l’offre de travail.

A moyen terme, l’augmentation de l’offre de travail devrait à nouveau être due à un accroissement des taux de participation (voir graphique), principalement des taux de participation féminins. Cette hausse du taux de participation se réaliserait même en se fondant sur deux hypothèses relativement conservatrices sur les sorties anticipées de l’activité. Premièrement, on suppose que les actifs âgés de plus de 50 ans quittent le marché du travail au même rythme que dans le passé récent et, deuxièmement, que les personnes qui quittent anticipativement le marché du travail le font de manière définitive. On peut également s’attendre à une pression à la hausse sur les taux d’activité des personnes âgées de plus de 50 ans, compte tenu de la diminution progressive de la réserve de main-d’oeuvre disponible ainsi que de l’évolution vers une politique du marché du travail qui favorise le prolongement de la carrière professionnelle.