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Dans un souci de transparence et d’information, le BFP publie régulièrement les méthodes et résultats de ses travaux. Les publications sont organisées en séries, entre autres, les perspectives, les working papers et planning papers. Certains rapports peuvent également être consultés ici, de même que les bulletins du Short Term Update publiés jusqu’en 2015. Une recherche par thématique, type de publication, auteur et année vous est proposée.
Dans cette étude, nous évaluons l’impact de trois dispositifs d’aide à l’emploi sur l’insertion de jeunes demandeurs d’emploi bruxellois. La démarche évaluative consiste à établir si les dispositifs ont accéléré la transition du chômage vers un emploi pérenne pour des jeunes demandeurs d’emploi sans expérience professionnelle. Nous utilisons un modèle de durée couplé en amont à un modèle d’appariement. Bien qu’un grand nombre de bénéficiaires voient leur probabilité de sortie du chômage augmenter grâce aux dispositifs, il n’en va pas toujours ainsi, en particulier pour les plus qualifiés. Un ciblage additionnel en termes de durée d’inoccupation permet, dans certains cas, de rendre les dispositifs plus efficaces pour ces groupes.
Le Working Paper présente une étude ou analyse menée d’initiative par le BFP.
L’évaluation d’impact d’un dispositif d’aide à l’emploi consiste à répondre à une question du type suivant : en quoi les perspectives d’emploi des bénéficiaires sont-elles différentes de ce qu’elles auraient été si ces personnes n’avaient pas bénéficié du dispositif ? En d’autres termes, l’évaluation d’impact entend mesurer le lien de causalité entre le dispositif et les résultats observés. Dans un contexte de rationalisation des dépenses, les travaux d’évaluation d’impact des programmes d’aide à l’emploi ont toute leur pertinence. Ces travaux ont pour finalité de vérifier si les objectifs assignés aux programmes sont bien atteints, en particulier si ces derniers améliorent la situation des individus bénéficiaires sur le marché du travail.
Dans cette étude, nous avons analysé trois dispositifs d’aide à l’emploi bruxellois qui font partie des actions soutenues par la Stratégie GO4Brussels et qui permettent notamment l’acquisition d’une première expérience professionnelle : le Stage de Transition en Entreprise (STE), la Formation Professionnelle Individuelle (FPI), et la Convention Premier Emploi (CPE). Le STE, la mesure la moins coûteuse et la plus utilisée parmi les jeunes, a pour premier objectif de permettre à ses bénéficiaires de se familiariser avec le marché de l’emploi. Elle est surtout utilisée par les jeunes de moins de 25 ans, en particulier ceux ayant un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur et dans une moindre mesure par des jeunes moins qualifiés. La FPI, pour laquelle il n’y a pas de condition d’éligibilité en termes de niveau d’études, touche une proportion non négligeable des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. De plus, l’objectif de la FPI dépasse la simple insertion des demandeurs d’emploi sur le marché du travail puisqu’elle vise aussi à améliorer l’adéquation entre offre et demande d’emploi via l’acquisition des compétences manquantes. Enfin, la CPE, la mesure la plus coûteuse, est principalement utilisée par les organismes publics bruxellois. Les demandeurs d’emploi concernés sont principalement des jeunes hommes faiblement ou moyennement qualifiés.
Concrètement, la méthodologie d’évaluation retenue consiste à reproduire une situation contrefactuelle qui n’existe pas dans la réalité et à examiner ce qu’il se serait passé si les jeunes ayant participé aux dispositifs étudiés n’y avaient pas participé. Ainsi, la situation réelle avec participation aux dispositifs peut être comparée avec la situation contrefactuelle et la différence peut être imputée à la participation aux dispositifs. Cette situation contrefactuelle est estimée à partir d’un groupe de comparaison qui reprend des jeunes similaires aux participants mais qui n’ont pas participé aux dispositifs étudiés. Plus spécifiquement, notre étude vise à répondre à la question suivante : « Les jeunes demandeurs d’emploi ayant participé à ces dispositifs sont-ils sortis plus rapidement du chômage vers un emploi pérenne que s’ils n’y avaient pas participé ? ». L’emploi pérenne est défini dans notre étude comme un emploi d’une durée d’au moins six mois.
Dans notre démarche d’évaluation, plusieurs choix ont dû être opérés et il est important de les garder à l’esprit lorsqu’on interprète les résultats. Ainsi, la période de participation aux dispositifs est considérée comme une période de chômage pendant laquelle le demandeur d’emploi investit dans le dispositif et ne cherche pas un emploi. Ce choix a été posé dans le but de ne pas considérer les dispositifs comme des fins en soi et d’analyser leur impact sur la suite du parcours professionnel de leurs bénéficiaires. Pour que le dispositif puisse accélérer la sortie vers l’emploi, l’effet positif post-participation doit être suffisamment important que pour compenser cette période « d’enfermement ». En d’autres termes, même si un dispositif permet une sortie vers l’emploi une fois qu’il est terminé, il n’est pas certain que cette sortie soit plus rapide que si le demandeur d’emploi avait continué à chercher un emploi pendant la période de participation, voire avait participé à un autre dispositif.
Les résultats font apparaître que le STE augmente considérablement la probabilité d’obtenir un emploi pérenne pour les jeunes ayant tout au plus un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur et pour ceux ayant obtenu un diplôme à l’étranger. En revanche, la mesure n’accélère pas, en moyenne, la transition des jeunes qui ont un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. Ceci veut dire qu’en moyenne les jeunes détenteurs d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur seraient sortis tout aussi vite du chômage sans l’aide de ce dispositif. Toutefois, lorsqu’on analyse les résultats selon la période d’inoccupation avant le début de participation au STE, il apparaît que le STE a accéléré la sortie des jeunes moyennement qualifiés qui ont rejoint le dispositif entre leur 6e et 12e mois en stage d’insertion professionnelle.
Quant à la FPI, elle accélère la sortie vers l’emploi sauf pour les jeunes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Plus précisément, la FPI ralentit la sortie vers l’emploi des jeunes hautement qualifiés. Même si ces jeunes trouvent un emploi après la période de participation, une majorité d’entre eux auraient trouvé un emploi pérenne plus rapidement en l’absence de la FPI. Ces résultats se confirment quelle que soit la durée d’inoccupation avant la participation au dispositif. En revanche, et bien que cette mesure touche relativement peu les jeunes très peu qualifiés, elle présente des effets positifs très marqués pour les jeunes ayant un niveau d’études secondaires inférieures.
Les résultats pour la CPE font apparaître que celle-ci n’a pas d’effet global sur l’emploi pérenne. Le fait que l’éligibilité à ce dispositif ne dépend pas de la durée de chômage et qu’il dure un an, voire deux, accentue l’effet d’enfermement négatif. Notre analyse montre que ce dispositif est efficace par rapport à un groupe de contrôle qui s’est enlisé dans le chômage. Toutefois, même si les effets post-participation sont très positifs, une recherche d’emploi ou une participation à un autre dispositif semble générer en moyenne un résultat équivalent en termes de sortie vers un emploi pérenne. De plus, les effets positifs post-participation se concentrent très fortement au moment immédiat après la sortie du dispositif et concernent notamment les jeunes qui continuent à travailler auprès du même employeur où s’est déroulée la CPE.
Les recommandations qui se dégagent de cette étude portent principalement sur le ciblage. Les résultats montrent en effet que les dispositifs ont des effets hétérogènes selon le niveau d’études des bénéficiaires. Ainsi les STE profitent davantage aux jeunes moins qualifiés et les FPI aux moins et moyennement qualifiés. Les CPE semblent particulièrement convenir aux jeunes qui risquent l’enlisement dans le chômage (jeunes moins qualifiés, mais aussi avec une certaine durée d’inoccupation). Viser ces groupes cibles en priorité permettrait d’accroître l’efficacité des dispositifs étudiés en termes d’insertion sur le marché de l’emploi. Pour les groupes pour lesquels les dispositifs sont moins efficaces, un ciblage plus précis, prenant en compte à la fois le niveau d’études et la durée d’inoccupation pourrait être introduit. Par exemple, les jeunes plus qualifiés pourraient ne devenir éligibles qu’après une certaine période.
Cette étude a été réalisée grâce au financement de l’IBSA. Les auteurs remercient vivement S. Cipriano de l’IBSA pour la coordination et le suivi du projet ainsi que M. De Villers et J. François de view.brussels (Actiris) pour les données utilisées et l’accompagnement du projet. Nous remercions également V. Maghe (IBSA) et B. Laine (BFP) pour nos discussions méthodologiques ainsi que les participants aux réunions du comité d'accompagnement pour leurs remarques et suggestions lors des différentes présentations des résultats préliminaires. Nous tenons également à remercier les collaborateurs d’Actiris, de Bruxelles Formation, du VDAB, des Fédérations de la construction et de la vente ainsi que ceux des Cabinets des Ministres Vervoort et Gosuin pour leur participation à des entretiens qualitatifs.
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