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Dans un souci de transparence et d’information, le BFP publie régulièrement les méthodes et résultats de ses travaux. Les publications sont organisées en séries, entre autres, les perspectives, les working papers et planning papers. Certains rapports peuvent également être consultés ici, de même que les bulletins du Short Term Update publiés jusqu’en 2015. Une recherche par thématique, type de publication, auteur et année vous est proposée.
Le Bureau fédéral du Plan utilise le modèle de microsimulation dynamique MIDAS pour analyser la soutenabilité sociale des pensions en Belgique. MIDAS a fait l'objet d'une révision majeure. Dans ce working paper, nous présentons une projection à l’horizon 2070 du risque de pauvreté et des inégalités de revenus parmi les personnes âgées, les pensionnés et dans la population de moins de 65 ans, dans un scénario fondé sur des politiques inchangées en matière de pensions et les évolutions démographiques et socioéconomiques attendues.
Le Working Paper présente une étude ou analyse menée d’initiative par le BFP.
Les rapports annuels du Comité d'étude sur le vieillissement combinent des analyses de la soutenabilité financière et de la soutenabilité sociale du système des pensions. Le Bureau fédéral du Plan (BFP) utilise, depuis 2009, le modèle de microsimulation dynamique MIDAS (Microsimulation for the Development of Adequacy and Sustainability) pour analyser la soutenabilité sociale des pensions en Belgique. Au cours des dernières années, MIDAS a fait l'objet d'une révision majeure afin d'améliorer la validité des projections. Cette révision est décrite dans un working paper précédemment publié (Dekkers, Desmet et Van den Bosch, 2023). Dans ce nouveau working paper, nous présentons une projection à l’horizon 2070 du risque de pauvreté et des inégalités de revenus parmi les personnes âgées, les pensionnés et dans la population de moins de 65 ans. Cette projection montre comment les risques de pauvreté évoluent au cours des prochaines décennies dans un scénario fondé sur les politiques socio-économiques actuelles ainsi que les évolutions démographiques et socioéconomiques attendues.
La projection est cohérente avec les hypothèses et les projections en matière de population, de marché du travail et de revenus de l’édition 2022 du rapport du Comité d'étude sur le vieillissement. Dans cette édition, les hypothèses importantes pour la projection de la pauvreté sont, d’une part, la croissance salariale de long terme de 1,5% par an (à partir de 2045) et, d’autre part, l’adaptation au bien-être de 1% par an de l’ensemble des allocations minimums. Le modèle reproduit le plus possible les différences socioéconomiques entre les groupes d'individus et les cohérences au sein de ces groupes - telles qu'observées dans les données de départ du modèle de microsimulation, en fonction notamment du niveau d'éducation, du statut migratoire et des types de ménages.
Le choix des indicateurs de risque de pauvreté et d'inégalités de revenu est également repris du Comité d'étude sur le vieillissement. Une personne présente un risque de pauvreté si elle dispose d'un revenu disponible équivalent inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu disponible équivalent médian national. Ce seuil augmente donc parallèlement à la prospérité générale. Le revenu équivalent est le revenu disponible net corrigé pour tenir compte de la taille et de la composition du ménage. Il mesure le niveau de vie. Les inégalités de revenus sont calculées sur la base de ce revenu équivalent.
Par rapport à l’EU-SILC, le seuil de pauvreté dans MIDAS se situe à un niveau moins élevé, car certaines composantes du revenu, comme par exemple les revenus du patrimoine et les pensions complémentaires du second pilier, ne sont pas simulées dans MIDAS. Cela a des implications sur les risques de pauvreté projetés. Pour la population d’âge actif et pour les enfants, les différences avec les estimations basées sur l’EU-SILC sont limitées. Cependant, pour les personnes âgées (67 ans et plus), le niveau du risque de pauvreté qui ressort de MIDAS est nettement inférieure au niveau de l’EU-SILC. Le niveau inférieur du seuil de pauvreté de MIDAS a également des conséquences en matière de comparaison entre le seuil de pauvreté d'une part et la GRAPA, le revenu d’intégration et les minima de pensions et d’autres prestations d'autre part.
Les résultats sont présentés pour les groupes d'âge 0-17, 18-54, 55-66 et 67+ ans. La délimitation de ces groupes d’âge se justifie par le relèvement de l'âge légal de la retraite à 67 ans en 2030 (66 ans à partir de 2025), mais aussi par le constat que, en projection, le revenu équivalent moyen du groupe d'âge 55-66 ans augmente notablement plus que celui des groupes plus jeunes et plus âgés.
Etant donné le cadre de référence du Comité d'étude sur le vieillissement, tel que détaillé dans le rapport de l’édition 2022, il ressort de la projection que le risque de pauvreté diminue pour l'ensemble de la population et pour tous les groupes d'âge jusqu'en 2030 au moins. Pour l'ensemble de la population il augmente ensuite progressivement jusqu'à la fin de la période de projection. Le risque de pauvreté des âgés, dont la baisse est plus progressive et se poursuit jusqu’en 2040, augmente à partir du début des années 2050. La baisse la plus forte du risque de pauvreté est observée dans la population âgée de 55 à 66 ans jusqu’au milieu des années 2030. Après cette date, leur risque de pauvreté suit une courbe croissante. L’évolution de la pauvreté pour les groupes les plus jeunes (0-17 et 18-54) ressemble à celle de la population dans son ensemble tandis que le risque de pauvreté des moins de 18 ans reste supérieur à celui des 18-54 ans.
Le risque de pauvreté des ménages comptant au moins une personne qui exerce une activité rémunérée est constant et faible dans tous les groupes d'âge. Tant dans le groupe des 18-54 ans que dans celui des 55-66 ans, la proportion de personnes vivant dans des ménages sans emploi est de loin le principal déterminant direct du risque de pauvreté. Les ménages sans emploi sont des ménages composés de personnes en âge de travailler dont aucune n'occupe un emploi rémunéré. Il s'agit le plus souvent d’isolés avec ou sans enfants. En outre, la proportion de personnes vivant dans des ménages sans emploi est beaucoup plus élevée parmi les immigrés que parmi les personnes nées en Belgique. Compte tenu de la progression attendue du taux d'emploi (plus prononcée parmi les plus de 55 ans), la proportion de personnes dans les ménages sans emploi diminue jusqu'au début des années 2030. Dans le même temps, le profil de ces personnes change : plus d'invalides, moins de chômeurs et moins d'"autres inactifs" (autres que les invalides, notamment les bénéficiaires du revenu d'intégration). Par conséquent, le risque de pauvreté des ménages sans emploi diminue au cours de cette période, même s'il reste très élevé, en particulier dans le groupe d’âge des 18-54 ans. La progression du risque de pauvreté des ménages sans emploi à partir du début des années 2030 s’explique par le recul, par rapport au seuil de pauvreté, des allocations minimums d'invalidité et de chômage, ainsi que du revenu d'intégration.
Le risque de pauvreté des enfants de moins de 18 ans dépend de celui des parents au sein du même ménage. Par conséquent, l'évolution de leur risque de pauvreté suit celle de la population âgée de 18 à 54 ans, mais est toujours supérieure de 4 à 5 points de pourcentage. Cet écart s'explique, d’une part, par le fait que les enfants sont plus susceptibles que les adultes de vivre dans des familles monoparentales, et, d’autre part, par la corrélation positive entre le risque de pauvreté et le nombre d'enfants au sein du ménage.
Parmi les personnes âgées de 67 ans et plus, le risque de pauvreté diminue jusqu'au milieu des années 2040 et augmente à partir du milieu des années 2050. Le risque de pauvreté des pensionnés évolue en grande partie parallèlement à celui des personnes âgées. On observe toutefois, au sein de ce groupe, de grandes différences selon le type de ménage. Parmi les couples, le risque de pauvreté projeté baisse très nettement et se stabilise ensuite. Chez les femmes isolées, la stabilité prévaut jusqu’à la moitié des années 2040, après quoi le risque de pauvreté s’accroît sensiblement. L’évolution est similaire pour les hommes isolés, mais leur risque de pauvreté est toujours nettement inférieur à celui des femmes isolées. L'évolution du risque de pauvreté des personnes âgées est le fruit de quatre processus dont les contributions respectives varient selon les périodes. Premièrement, les pensions minimums et la GRAPA jouent un rôle important. À partir du milieu des années 2040, en raison du différentiel entre croissance salariale et adaptations au bien-être conformes au Pacte des générations, elles diminuent par rapport au seuil de pauvreté de sorte que le risque de pauvreté des femmes et des hommes isolés augmente. C'est particulièrement le cas après 2060, lorsque la GRAPA atteint un niveau trop faible par rapport au seuil de pauvreté projeté que pour faire face au risque de pauvreté. Deuxièmement, le nombre de femmes disposant de leur propre pension de retraite augmente jusqu'au milieu des années 2050. En effet, les femmes qui prendront leur retraite aux cours des prochaines décennies ont des carrières plus longues et mieux rémunérées que les femmes actuellement à la retraite. C'est la principale raison pour laquelle le risque de pauvreté des femmes mariées et cohabitantes (et de leurs partenaires) a fortement diminué. Troisièmement, la composition du groupe des femmes âgées isolées évolue : la proportion de veuves diminue de plus de moitié, tandis que la part des femmes non mariées augmente, tout comme la part des femmes divorcées. Comparées aux autres femmes isolées, les veuves sont exposées à un faible risque de pauvreté grâce aux pensions de survie basées sur la pension de retraite de leur conjoint décédé. De plus, de nombreuses veuves combinent une pension de survie et leur propre pension de retraite. Bien que la pension de retraite moyenne des femmes isolées augmente aussi, nous ne constatons pas de baisse de leur risque de pauvreté dès lors que la part des veuves dans ce groupe se réduit. Enfin, il y a le risque de pauvreté élevé et persistant des immigrés (personnes nées en dehors de la Belgique) combiné à l’augmentation de la part de ce groupe parmi les âgés à partir des années 2030. Le modèle utilisé suppose que les désavantages actuels des immigrés sur le marché du travail sont maintenus en projection. Cette position persistante moins favorable des immigrés sur le marché du travail se traduit par des carrières plus courtes et des droits à la pension plus faibles.
Les inégalités de revenus au sein de l’ensemble de la population diminuent jusqu'au début des années 2030, avant d'augmenter à nouveau à partir du début des années 2040. Sur l’ensemble de la période, les inégalités de revenus parmi les personnes âgées sont sensiblement moindres que dans les autres groupes d'âge. Comme pour le risque de pauvreté, l'évolution des inégalités au sein de la population de 18 à 54 ans (comme pour les enfants de moins de 17 ans) est largement déterminée par les ménages sans emploi. Les inégalités sont plus importantes parmi les ménages sans emploi que parmi les ménages avec emploi et se creusent à partir de 2025, tandis que leur revenu équivalent moyen reste inférieur à la moyenne globale. Dans le groupe des 55-66 ans, les inégalités de revenus se réduisent assez nettement jusqu'au milieu des années 2030 pour ensuite se creuser à nouveau jusqu'à la fin des années 2050.
S’agissant des personnes âgées de 67 ans et plus, les inégalités de revenus devraient diminuer jusqu'au milieu des années 2040 pour ensuite augmenter. Cette évolution s’explique surtout par la hausse de la proportion de femmes qui perçoivent une pension de retraite propre. La généralisation du modèle de ménage à deux revenus parmi les couples âgés réduit sensiblement les inégalités de revenus au sein de ce groupe, mais aussi au niveau de l’ensemble des personnes âgées jusqu'au milieu des années 2040. Simultanément, le revenu équivalent moyen des couples augmente donc nettement plus rapidement que celui des isolés, de sorte que l'inégalité entre les types de ménages augmente et que la diminution de l'inégalité parmi l'ensemble des personnes âgées est plus faible que la diminution de l'inégalité entre les couples. En outre, selon les hypothèses retenues, le revenu équivalent des immigrés âgés reste inférieur à celui des natifs âgés, tandis que la part des immigrés parmi les personnes âgées augmente.
Dans le scénario économique alternatif considéré, la croissance moyenne des salaires se limite, à partir de 2033, à 1% par an, au lieu de continuer de croître pour atteindre 1,5% par an en 2045. Par conséquent, les minima dans les régimes de pension et autres régimes de prestations ne fléchissent pas par rapport au seuil de pauvreté, comme c’est le cas dans le scénario de référence. Par conséquent, le risque de pauvreté de la population en âge de travailler reste stable après 2030 dans ce scénario. Pour les personnes âgées, le risque de pauvreté continue de diminuer jusqu'au début des années 2050, mais reste pratiquement constant par la suite. Chez les personnes âgées isolées, le risque de pauvreté augmente également dans ce scénario alternatif, mais beaucoup moins que dans le scénario de référence. De la même façon, les inégalités de revenus n'augmentent plus après le milieu des années 2030 dans ce scénario alternatif.
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